baron samedi

L’heure vaudoue …

Geoffrey Holder est Baron Samedi dans le James Bond  ‘Live and Let Die’, de Guy Hamilton, en 1973. (Photo by Terry O’Neill/Hulton Archive/Getty Images)

Crise de foi monothéiste ?
Puissance de la femme sorcière ?
Recherche de la transe ? 

Le vaudou, remède à l’urbanité sauvage, s’immisce dans nos corps pour nous inspirer un souffle nouveau.

BIM, Benin international musical.

D’abord, il y a le Bénin, le 10 janvier est là-bas, un jour férié qui célèbre le culte vaudou et ce, depuis 1992. Une volonté de l’ancien Président béninois, Nicéphore Soglo. Les touristes d’ailleurs y sont les bienvenus pour une expérience mystique et physique.

Du Benin, cette année, on a découvert en France, BIM, Benin international musical. Sept musiciens, vocalistes, signés sur le label, World Tour Record.  Une aventure qui s’impulse d’une curiosité, une rencontre, en France, entre le compositeur, Jérome Ettinger et Hervé Riesen, grand chef de Radio France. Puis, d’un projet commun, développer la scène musicale béninoise actuelle.

Aller chercher les racines de ces sons d’antan en rendant hommage aux anciens du Dahomey (territoire ancêtre du Bénin disparut à la fin du 19ème siècle). Une énergie née des danses du culte vaudou, religion animiste, où toute chose a une âme. Ce vaudou si mystérieux, si souvent caricaturé, mais que l’on retrouve partout du Benin, au Togo, en passant par les Caraïbes, le Brésil et la Louisiane.

Tant de berceaux également de la musique actuelle, du jazz, au blues, gospel, afrobeat, et bien sûr le rap, autan de spectres pour la musique de BIM.

… Les divinités vaudous sont partout dans les églises évangéliques, les clubs branchés de Cotonou, les fanfares en passant par le ballet national.

Vaudou Game

Énorme succès depuis le titre « Pas Contente », Vaudou Game est de tous les festivals et de toutes les ondes. Un voyage au cœur du Togo et du Bénin, une ligne directe entre l’afro-funk 70’s et les gammes spécifiques à la musique vaudou, pour une transe blues, rythm’n’blues .

Le chanteur Peter Solo est né au Togo, dans la ville d’Aného. C’est à Aného que se déroule tous les ans la cérémonie de la pierre sacrée, un festival de divinités, qui attire les adeptes du vaudou des États-Unis, de Cuba, de Haïti, du Brésil…

Peter Solo, explique que le terme “vaudou” signifie “consulter”, consulter des éléments qui étaient là avant nous (air/feu/nature). Il s’agit d’être en harmonie avec ce qui nous entoure. Le vaudou est une culture qui respecte la nature, qui cherche à lui parler, la sentir. Les instruments de musiques, y sont, la peau, les cloches et les os.

Le nouvel album de Vaudou Game s’appelle « Otodi », le nom d’un studio né durant les années 1970 à Lomé, capitale du pays, d’une coopération entre l’État togolais et les États-Unis. Un studio qu’ils ont réhabilité pour y enregistrer ce nouveau disque.

Ibeyi

Ibeyi, les jumelles, franco-cubaines, filles de Miguel Anga Diaz, percussionniste entre autre du Buena Vista Social Club, vont chercher leur vaudou, elles, dans leur héritage afro-cubain. Les Yoruba, ethnie du golfe de guinée, que l’on retrouve du Nigeria au Bénin. Elles invitent les divinités orishas, Yemaya, (déesse de la mer pour Lisa-Kaindé) et Shango, ( le dieu du tonnerre pour Naomi ) à les accompagner sur scène. elles déclarent :  » Les chants Yoruba, c’est le blues des Afro-Cubains. »

Ces pratiques religieuses mélangeant tradition yoruba, catholicisme et rites sont présentes au Brésil (le candomblé), à Cuba (la santería), et en Haïti (le vaudou) et désormais un peu partout dans la pop culture.

Stefania Capone, directrice de recherche au CNRS et responsable du cours anthropologie des religions afro-américaines à l’EHESS, explique au magazine Slate, que les dieux yorubas sont des modèles d’empowerment aujourd’hui mis en valeur par Beyoncé notamment dans l’épopée visuelle et musicale de Lemonade, où habillée de jaune, entourée d’eau et armée d’une batte, elle représente le pouvoir de la divinité Oshun. » Dans ce film, en guest … Ibeyi…

Car, dans le culte de la nature, la femme est toute puissante, mère de toute vie.

Azizaa

Je terminerai avec la chanteuse et artiste ghanéenne Azizaa, elle a grandi entre Accra et New York , dans ce clip elle est possédée par l’esprit de Mawu, une déesse créatrice éwé, qui se rebelle contre d’insolents missionnaires évangélistes… Le patriarcat !

Vodua, son nouvel album vient de sortir chez Jarring Effects, 11 titres au fil d’un conducteur vaudou… .

La puissance des forces de la terre s’empare de nos entrailles. Ce n’est que justice.