BAUM, ICI-BAS, les mélodies de Gabriel Fauré

En cas de catastrophe naturelle ou un bien de simple abandon de toute une partie de la population française à la misère, le petit monde du spectacle répond en général, par des compilations d’artistes de variété divers pour des chansons avariées …

Et bien là, c’est tout le contraire ! A part, le concept de réunion autour d’une ambition de cœur, d’élévation face à la souffrance, ( ici, culturelle ), on se place plutôt avec le disque,   « BAUM, ICI-BAS, les mélodies de Gabriel Fauré », dans le caritatif de la beauté.

Ce double album, réunit les plus grands chanteurs ( à mon humble avis ) de jazz, rock, et chanson, autour de textes de nos plus grands poètes sur des mélodies du compositeur français à la très belle moustache Gabriel Fauré. Alors vous me direz, ça ne fait pas bouffer, ni réparer les sinistres, non, c’est vrai, mais ça nous rappelle que nous sommes un pays romantique et délicat, et en ces temps de brutalité systémique, ça soigne l’intérieur.

 

Car on ne fait pas un tel disque pour l’argent, vous vous en doutez bien ! Preuve en est l’impressionnante liste des intervenants, qui, s’ils étaient payés à la hauteur de leur talent, pomperaient à eux seuls le PIB de la Belgique.

Dominique A,Jeanne Added, BabX,Camille,Élise Caron,Judith Chemla,Hugh Coltman,Étienne Daho,John Greaves,Piers Faccini,Philippe Katerine,Kyrie Kristmanson,JP Nataf, Sandra Nkaké, Himiko Paganotti, Brendan Perry,Thomas de Pourquery, Albin de la Simone et Rosemary Standley, tous, sur un même disque !

Il faut dire qu’Olivier Mellano, à l’origine de ce grand projet, n’est pas n’importe qui ! Il est LE violoniste du rock des 90’s, compositeur pour la danse, le théâtre, le cinéma, un homme de l’ombre aux mille talents. Il s’atèle à Gabriel Fauré,

Fauré, c’est notre Beethoven à nous ! Ben oui, lui aussi, il était sourd à la fin de sa carrière et il continuait à composer. Il meurt en 1924, son requiem est d’ailleurs mille fois aussi beau que celui de Mozart, bref, ce n’était pas n’importe qui !

Le titre du disque, “Baum”, veut dire arbre en allemand. Ce sont des racines profondément ancrées dans notre inconscient, une communication lente et silencieuse entre les siècles, qui s’emmêlent entre la fin du 19è, les débuts du 20è et et notre balbutiant 21è…  Avec en tronc commun, le spleen.  Ce vague à l’âme bien de chez nous …

Il pleure dans mon cœur, Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Écrivait Verlaine en 1874…

BAUM ce sont donc, Olivier Mellano, Simon Dalmais au piano, Anne Gouverneur au violon et Maëva Le Berre au violoncelle. Et puis, ces voix que l’on pensait légères, qui nous prouvent, si l’on ne le savait pas,  qu’elles ont du bagage, de la profondeur, une capacité au classique, dans cet “Ici-bas”  sur  ces mélodies pour voix et piano de Fauré, écrites pour la plupart à la fin du XIXème siècle, se jouent de tendres écrins pour les poèmes de Sully Prudhomme  Paul Verlaine, Armand Silvestre ou encore Théophile Gautier…Un disque qui soigne de tous les spams, de toutes publicités de tous les plateaux télé avec des gens qui applaudissent, de toute la grossièreté du monde.

A voir pour les parisiens, le 6 février, au CentQuatre…